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Une soirée inoubliable

Une soirée inoubliable

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La nouvelle série romantique et contemporaine de l’auteur à succès Barbara Freethy, classée no 1 sur la liste des best-sellers du New York Times, raconte l’histoire des membres du clan Callaway, une grande famille recomposée d’origine irlandaise dont la vocation est de servir et de protéger les autres.

Aiden Callaway, deuxième fils de la fratrie, s’est écarté de la tradition familiale en préférant devenir pompier-parachutiste plutôt que de lutter contre les incendies urbains. Il remet cependant son choix en question quand son ami Kyle périt lors d’un feu de forêt, laissant Aiden meurtri et hanté par des souvenirs qui lui échappent.

Leur voisine Sara, la meilleure amie de sa sœur, n’a toujours été à ses yeux qu’une gentille fille innocente. Pourtant, lors d’une soirée du temps de leur adolescence, ils se laissent tous deux emporter et leur relation prend une autre tournure. Des années plus tard, Sara n’a toujours pas pardonné ou oublié la façon dont Aiden a fini par la repousser. Elle n’est cependant plus une adolescente follement amoureuse, mais une femme en quête d’elle-même.

L’étincelle entre Aiden et Sara n’a jamais vraiment disparu. Sara a peur de se brûler de nouveau les ailes avec un homme qui lui a brisé le cœur, et Aiden est bien placé pour savoir à quel point un brasier intense peut être dangereux. Ils n’étaient pas prêts pour leur histoire à l’époque, le sont-ils à présent?


Chapitre 1

Emma Callaway marchait rapidement dans la rue sombre, regrettant de ne pas être arrivée plus tôt à la soirée de son père pour trouver une meilleure place où se garer. Cela lui aurait évité de parcourir à pieds trois pâtés de maisons en montée. Elle passa devant un homme seul en train de fumer une cigarette à côté d’une épicerie de nuit et éprouva une étrange sensation de malaise. Ayant l’impression qu’il la suivait du regard, elle accéléra le pas.

Elle n’avait généralement pas peur de se promener seule la nuit, et surtout pas dans le quartier West Portal de San Francisco, pourtant elle éprouvait un sentiment d’isolement et de solitude. La rue où elle marchait comptait essentiellement des commerces et des immeubles de bureaux, tous fermés un dimanche soir à vingt-et-une heures.  

La pénombre qui régnait ne la rassurait en rien. Jetant un coup d’œil rapide par-dessus son épaule, elle constata qu’il n’y avait personne derrière elle. Elle devait arrêter de s’imaginer des choses. Elle était simplement stressée. Les dernières semaines de travail avaient été difficiles et elle avait vraiment besoin de se détendre en passant quelques heures avec sa famille pour fêter la récente promotion de son père en tant que chef adjoint des opérations de la brigade de pompiers de San Francisco. 

Emma était extrêmement fière de son père, même si son dernier exploit n’avait fait qu’élever encore plus la barre pour elle et le reste du clan Callaway. À vrai dire, la barre avait toujours été haute. Lutter contre les incendies était une tradition depuis au moins quatre générations, y compris la sienne. Trois de ses frères étaient pompiers et elle avait également démarré sa carrière comme pompier. Cela faisait seulement un an qu’elle était devenue enquêtrice en charge des incendies. Elle adorait son métier, même s’il s’avérait souvent frustrant. Déterminer si l’origine d’un incendie était criminelle ou non était une chose, mais trouver le pyromane et obtenir justice en était une autre. Elle ne voulait cependant pas penser à ses dossiers en cours ce soir-là. Elle souhaitait juste profiter d’un bon moment avec sa famille et ses amis.

Ouvrant la porte du Brady’s Bar and Grill, elle entra et s’arrêta net. Son père avait beau être un homme populaire, elle était surprise par le grand nombre de personnes présentes. La moitié de la ville semblait être venue trinquer à sa promotion. Il y avait la queue devant le grand bar en acajou qui longeait le mur du fond. Sur la piste de danse pleine à craquer, les gens buvaient, riaient et bavardaient, et toutes les tables de la salle principale du restaurant semblaient occupées. Jetant un coup d’œil sur sa droite, elle vit un groupe de personnes dans l’entrée d’une pièce où on pouvait jouer au billard et aux fléchettes.

Le Brady’s allait faire de bonnes affaires ce soir-là, songea-t-elle avec un sourire. Le bar ne manquait cependant pas de clients le reste du temps. C’était un bar de pompiers. Le propriétaire, Harry Brady, avait un fils pompier, Christian. Il n’était pas rare que les équipes aillent prendre un verre au bar après le travail. Où qu’elle regarde, Emma vit des visages qui lui étaient familiers. Elle était une fille du quartier et le Brady’s était un bar de quartier. Le genre d’endroit où tout le monde s’appelait par son prénom.

La porte derrière elle s’ouvrit et une bouffée de l’air frais de novembre la fit frissonner. Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, elle croisa le regard vert intense et pénétrant de Max Harrison, un inspecteur de la police de San Francisco, et se sentit aussitôt réchauffée.

Max avait été muté de Los Angeles trois mois plus tôt et leurs chemins s’étaient croisés un peu trop souvent au goût d’Emma. Il était arrogant et travaillait de façon très personnelle. Pour lui, échanger de l’information revenait à lui dire tout ce qu’elle savait sans rien apprendre de lui en retour.

Même si elle n’aimait pas l’attitude de Max, elle ne put s’empêcher de le trouver séduisant dans son jean délavé, son blouson en cuir marron et son polo couleur crème. C’était un homme grand, musclé et beau à tomber, avec des cheveux châtains aux reflets dorés et une bouche très sexy. Mais Emma savait qu’elle ferait mieux de garder ses distances, car la dernière chose dont elle avait besoin était de se compliquer la vie à cause d’un homme. Elle était sortie d’une relation sérieuse quelques mois plus tôt et ne voulait pas se précipiter dans une autre, surtout avec quelqu’un qui lui faisait un tel effet simplement en posant les yeux sur elle.

— Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle sèchement.

L’atmosphère était tendue chaque fois qu’ils se voyaient. Il régnait entre eux un mélange de colère et d’attirance qui les mettait tous deux mal à l’aise. Emma trouvait qu’il était déjà suffisamment pénible de devoir travailler de temps en temps avec lui et n’avait aucune envie de le fréquenter en dehors.

— Ton frère Burke m’a invité. On joue au basket ensemble le mercredi soir.

Évidemment. La ligue de basket-ball de la police et des pompiers était extrêmement populaire. En tant que femme pompier, Emma pouvait participer aux matchs mixtes de softball, mais elle s’était toujours sentie exclue des matchs de basket-ball, qui étaient réservés aux hommes. Et la situation n’était pas près de changer.

Entendant son téléphone sonner, Emma le sortit de son sac à main en espérant que ce n’était pas le travail. Mais elle fronça les sourcils en regardant l’écran. Elle aurait finalement préféré qu’il s’agisse d’un appel professionnel.

— Merde, marmonna-t-elle.

— Quelque chose ne va pas ? demanda Max.

Elle rangea son portable dans la poche extérieure de son sac.

— Rien d’important.

À peine eut-elle achevé sa phrase que la sonnerie de son téléphone retentit de nouveau.

— On ne dirait pas, dit-il avec une lueur d’étonnement dans les yeux. Tu ne réponds pas ?

— Non.

Alors que son portable se mettait à sonner pour la troisième fois, Emma le sortit de son sac pour le mettre en mode silencieux. Elle vit alors avec surprise les trois textos qui s’affichaient sur l’écran. Jon ne communiquait pas autant à l’époque où ils vivaient ensemble.

— Je n’y crois pas, marmonna-t-elle, regrettant aussitôt d’avoir parlé tout haut en sentant le regard curieux de Max posé sur elle. C’est mon ex-petit ami, expliqua-t-elle.

— Il doit vouloir que tu lui laisses une autre chance.

— Les hommes veulent toujours ce qu’ils ne peuvent pas avoir.

Il hocha la tête avec un air approbateur.

— C’est parfois pour le plaisir de la chasse.

— Je n’aime pas ces petits jeux.

— J’ai du mal à le croire. J’ai vu ton esprit de compétition.

— Pas quand il s’agit d’amour, répliqua-t-elle.

Max lui sourit, et soudain il y eut des étincelles. Emma sentit ses mains devenir moites, son cœur palpiter et un fourmillement parcourir sa colonne vertébrale. Il était tout près d’elle, à quelques centimètres seulement. Il lui suffirait d’avancer d’un pas pour poser ses mains sur le torse musclé de Max, se pencher vers lui et approcher son visage du sien.

Stop ! Emma se força à mettre un frein à son imagination galopante. Elle n’allait pas embrasser Max Harrison. Ce serait inconscient et stupide. Et même si elle apprécierait sans doute le moment, car il avait l’air d’un d’homme qui savait s’y prendre, elle n’avait pas l’intention de tester cette théorie.

Emma ne pouvait pas laisser le désir obscurcir sa raison. Ils devaient travailler ensemble et il était important que leur relation reste strictement professionnelle.

Elle s’éclaircit la voix.

— Je vais aller voir mon père.

— Ce n’est pas lui là-bas ? demanda Max en faisant un signe de tête.

Suivant la direction qu’il indiquait, elle vit ses parents, ses grands-parents et plusieurs de ses frères et sœurs attablés vers le milieu de la salle. Son père paraissait être au centre de l’attention, ce qui ne l’étonna pas. Jack Callaway était un homme à la personnalité forte, et comme ses ancêtres irlandais, il n’aimait rien de plus que de raconter une bonne histoire autour d’une ou deux pintes de bière.

Avec ses cheveux brun foncé qui tiraient désormais sur le gris, ses yeux bleus écartés et son rire retentissant, Jack avait beaucoup de charisme et de présence, ce qui n’était pas sans lien avec sa réussite professionnelle : c’était un leader né. C’était aussi un homme très intègre et profondément vivement impliqué dans son métier, ce qui faisait de lui un modèle pour beaucoup. Emma l’admirait depuis longtemps, pas seulement en tant que père, mais aussi comme pompier, et elle constata que le même respect se lisait dans les yeux de toutes les personnes présentes autour de la table.

— C’est lui, murmura-t-elle en jetant un coup d’œil à Max. Tu ne le connais pas encore ?

— Non. La jolie blonde en robe rouge près de lui est ta mère ?

— Oui.

— Tu ressembles plus à ta mère qu’à ton père.

— C’est vrai que je ressemble à ma mère. Mais Jack n’est pas mon père biologique, c’est mon beau-père.

Une lueur de surprise traversa le regard de Max.

— Je ne savais pas. Tu portes son nom.

— C’est mon beau-père depuis très longtemps. J’avais quatre ans quand ma mère, Lynda, l’a épousé. Trois ans plus tard, il nous a adoptées légalement, ma sœur aînée Nicole et moi. On était toutes les deux contentes de devenir des Callaway, car on voyait rarement notre vrai père.

— Nicole est donc ta sœur biologique. Et le reste de tes frères et sœurs ? Qui est à qui ?

— Burke, Aiden, Drew et Sean sont mes demi-frères. Leur mère biologique est morte et Jack était veuf quand il a rencontré ma mère. Après leur mariage, ils ont eu des jumeaux, Shayla et Colton. On a beau être une tribu recomposée, on forme une grande famille heureuse, parfois un peu folle.

— Tu as l’air fière de ta famille, fit-il remarquer.

— Je les aime profondément. Mais le fait de porter le nom de Callaway suscite des attentes. Ce n’est pas évident d’être à la hauteur de Jack à la fois comme pompier et comme père.

— J’ai l’impression que tu t’en sors très bien.

Emma pencha la tête avec un regard pensif.

— Est-ce que c’est un compliment, Harrison ?

— Ne prends pas la grosse tête, Callaway. Qui sont les autres personnes à la table de ton père ?

— À côté de ma mère, il y a les parents de Jack, Eleanor et Patrick. Ensuite c’est ma petite sœur, Shayla, un génie. Elle n’a que vingt-trois ans et elle a presque terminé ses études de médecine. Le dernier, c’est Colton, le frère jumeau de Shayla. Il vient d’entrer chez les pompiers. Je ne sais pas où sont mes autres frères et sœurs.

— Apparemment, vous avez tous bien réussi.

— Jack nous a appris que les Callaway étaient nés pour servir et protéger, et on a presque tous suivi la tradition familiale. Parmi les huit enfants, il y a quatre pompiers, une médecin, un sauveteur en mer et une enseignante. Mon frère Sean est le seul à avoir choisi une autre voie, celle de la musique. C’est un excellent chanteur et auteur-compositeur, ajouta-t-elle, ne voulant pas que Max ait l’impression qu’elle n’était pas fière de Sean. Il n’a pas pu venir ce soir parce qu’il est en tournée dans le nord-ouest du Pacifique.

— Est-ce qu’il s’entend bien avec ton père ?

— Ce n’est pas toujours facile entre eux, mais Sean a toujours fait les choses différemment. Voilà, tu connais ma famille. À ton tour de me parler de la tienne.

— Elle est loin d’être aussi intéressante, répondit-il simplement.

— Laisse-moi en juger.

— Peut-être une autre fois. Est-ce que tu veux boire quelque chose ? On dirait qu’il y a moins de monde au bar.

Emma n’était pas surprise que Max élude sa question. Il était toujours extrêmement discret concernant sa vie privée. Elle avait été tentée plus d’une fois de se renseigner sur Internet, mais s’était retenue. Moins elle en savait sur lui, mieux c’était.

— Je veux bien de l’eau pétillante, si tu vas au bar, répondit-elle. Je suis d’astreinte ce week-end.

— Entendu.

Alors que Max tournait les talons, il faillit rentrer dans l’un des amis de longue date d’Emma, Tony Moretti.

Tony était un bel homme de trente-deux ans, d’origine italienne. Lui et son frère jumeau, Jarod, avaient grandi dans le même quartier que les enfants Callaway.

— Emma, dit Tony en ouvrant grand les bras. J’espérais te voir ce soir. Je t’ai cherchée à la messe aujourd’hui, mais je ne t’ai pas vue.

Elle se dégagea rapidement de son étreinte, consciente que Max n’était pas allé au bar comme il l’avait proposé. Il était resté à côté et les regardait, et elle se demanda pourquoi.

— Je n’ai pas pu aller à l’église ce matin, répondit-elle, retournant son attention sur Tony. J’avais beaucoup de travail.

— Je n’arrive pas à croire que quelqu’un ait mis le feu à St. Andrew’s. Est-ce que tu as des suspects ?

— Pas encore. Mais je ne perds pas espoir.

— À propos de perdre espoir, tu me dois un dîner, dit Tony. Tu te souviens ? Je t’ai aidée à déménager tes affaires de l’appartement de ton ex et tu as proposé de m’inviter au restaurant.  

— Je me souviens. Désolée, mais j’ai été très occupée.

— On peut fixer une date maintenant.

Elle fut étonnée de lire une telle détermination dans le regard de Tony. Elle le connaissait depuis qu’elle avait six ans et ils faisaient tous deux partie du même groupe d’amis depuis des années, mais ils n’étaient jamais sortis ensemble et elle n’était pas certaine de vouloir changer cela. Elle aimait beaucoup Tony, mais c’était un charmeur, et elle n’avait pas envie de se retrouver dans une situation embarrassante. Leurs familles étaient amies.

— Je regarderai mon emploi du temps demain et on fixera une date, dit-elle.

— Très bien.

— Qu’est-ce qui est très bien ? demanda un homme qui s’était approché.

Elle sourit au frère de Tony, Jarod. Les Moretti étaient des faux jumeaux, mais ils se ressemblaient beaucoup, avec leurs cheveux bruns et leurs yeux foncés.

— Mon frère est encore en train de te draguer ? demanda Jarod.

— On ne fait que discuter, répondit-elle. Comment vas-tu ? Comment vont les affaires dans le bâtiment ?

— Ça s’améliore. (Il prit un air songeur.) Je crois que c’est la première fois que je te vois depuis que tu es devenue enquêtrice en charge des incendies. Comment est-ce que ça se passe ? Tu travailles sur l’incendie de St. Andrew’s ?

— Oui. (Elle s’interrompit.) Je n’ai pas encore dit bonjour à mon père. On se voit tout à l’heure les garçons, d’accord ?

— N’oublie pas de m’appeler, lui rappela Tony alors qu’elle s’éloignait.

Emma se fraya un chemin à travers la foule tout en parcourant la pièce du regard. Max était allé au bar et elle se sentit soulagée qu’il ne la regarde plus. Chaque fois qu’elle se retrouvait en sa présence, elle était tendue. Comme si elle n’avait pas déjà suffisamment de stress dans sa vie. Elle espérait qu’il ne resterait pas longtemps à la soirée.



* * *



Max attendait au bar avec un sentiment de nervosité et d’irritation. Emma Callaway lui faisait toujours de l’effet, et ce soir ne faisait pas exception à la règle. Il parvenait généralement à ignorer l’attirance entre eux, mais en temps normal il la voyait en uniforme ou dans son équipement de pompier, ses cheveux blonds cachés par un casque et son corps mince recouvert d’une combinaison épaisse et informe. Mais ce soir-là, elle était joliment coiffée, portait une robe turquoise courte et était juchée sur des talons hauts qui mettaient en valeur ses superbes jambes nues. Quand il avait croisé son regard bleu pétillant sous ses cils noirs épais, il en avait eu le souffle coupé.

Il s’énerva contre lui-même d’avoir accepté l’invitation de Burke. Il avait eu envie de sortir et de voir Emma en dehors du travail, mais comprenait à présent son erreur. Depuis qu’ils s’étaient parlés, il était crispé et avait le cœur battant. Il était trop tard pour battre en retraite, mais il pouvait partir tôt. Il lui apporterait son verre d’eau puis rentrerait chez lui. Elle ne remarquerait certainement pas son absence, avec tous les membres de sa famille présents, sans parler des hommes célibataires qu’il y avait dans le bar.

La situation serait plus facile si elle avait un petit ami, car il n’avait pas pour habitude de convoiter les femmes déjà prises. Mais elle aussi était célibataire. Et elle avait beau l’énerver avec son caractère têtu et indépendant, elle l’impressionnait aussi. En plus d’être belle et sexy, elle était forte, courageuse et intelligente.

Il devait garder ses distances avec elle. Ils ne pouvaient pas coucher ensemble, car ils étaient collègues de travail. Et une relation plus sérieuse n’était pas envisageable parce qu’il n’était pas fait pour ça. Il n’avait donc pas d’autre choix que de refouler son attirance, ce qui serait beaucoup plus simple s’il n’avait pas tellement envie d’elle. Quand ils avaient discuté à l’entrée du bar, il avait eu un instant la curieuse impression qu’elle voulait l’embrasser. Mais il se l’était sans doute imaginé.

Max jeta un coup d’œil autour de lui. Emma était à la table de son père en train de le saluer. Il y avait beaucoup d’amour dans le sourire chaleureux qu’ils échangèrent, et Max sentit son cœur se serrer à la pensée d’un lien qu’il n’avait plus depuis longtemps.

Il se réjouit d’être tiré de ses pensées par le barman, qui posait les deux verres qu’il avait commandés sur le comptoir. Après avoir payé, Max traversa la salle avec un étrange sentiment de nervosité. Il ne s’était jamais senti à l’aise en rencontrant les parents d’une petite amie, et même si les circonstances étaient différentes, il ne pouvait s’empêcher d’éprouver de l’appréhension.

Emma accepta son verre avec un sourire réservé.

— Merci.

— Je t’en prie.

Il remarqua les regards curieux que lui lançaient les membres de la famille Callaway. Ils paraissaient aussi protecteurs envers Emma qu’elle l’était envers eux.

— Je vais te présenter, dit-elle. Papa, voici Max Harrison. Il est inspecteur à la police de San Francisco. Mon père, Jack Callaway.

Jack se leva pour serrer la main de Max. Il avait un regard franc et direct.

— Ravi de vous rencontrer. Hank Crowley m’a dit beaucoup de bien de vous.

— J’ai le plus grand respect pour le capitaine Crowley, répondit-il, tout en se demandant pourquoi son mentor avait parlé de lui à Jack Callaway. Hank savait qu’il préférait ne pas se faire remarquer, et s’il y avait un homme qui se faisait remarquer, c’était bien Jack Callaway.

— Comment connaissez-vous Emma ? demanda Jack.

— On a travaillé sur une affaire d’incendie criminel liée à un homicide le mois dernier.

— Max a récemment été muté de Los Angeles, expliqua Emma. Mais tu dois déjà le savoir si tu as parlé avec le capitaine Crowley ? 

Elle regarda son père avec un air interrogateur.

— Hank l’a mentionné. Quel sentiment ça fait d’être de retour au bercail ?

— Au bercail ? l’interrompit Emma, son regard passant de son père à Max. Tu es de San Francisco ? Tu ne me l’as jamais dit.

— Tu ne me l’as jamais demandé, rétorqua-t-il.

— Où habitais-tu ?

— Rue Noriega, dans le Sunset District.

— J’ai habité rue Noriega à une époque, intervint la grand-mère d’Emma.

Max tourna la tête vers Eleanor Callaway, qui était assise en face. La vieille dame aux cheveux blancs avait des yeux bleus qui paraissaient un peu voilés, presque rêveurs, comme si elle n’était pas vraiment présente.

— Quand ça, mamie ? demanda Emma.

— Il y a longtemps, répondit-elle. Quand ton père était au lycée. C’était une si jolie maison. (Elle se tourna vers son mari.) Tu avais peint le mur derrière notre lit en bleu, tu te souviens ?

— Comme tes yeux, dit Patrick, en posant sur son épouse un regard affectueux.

Il y avait visiblement un lien très fort entre eux. Max se demanda comment ce que ça faisait d’être amoureux et marié depuis cinquante ans.

Il avait du mal à le concevoir.

Eleanor sourit à son époux.

— On a passé tellement de bons moments dans cette maison. Ces grands dîners avec tous les enfants autour de la table… J’étais heureuse. (Elle se tut un instant et son sourire disparut.) Mais on a dû partir. On a dû déménager après cette horrible journée.

— Personne n’a envie d’entendre ça, dit Patrick à sa femme sur un ton brusque et ferme.

— Tout ira bien, n’est-ce pas ? demanda-t-elle en regardant son mari avec des yeux inquiets. Tu as dit que tout irait bien. Tu l’as promis.

— Tout va bien, lui assura-t-il. C’était il y a longtemps.

— Qu’est-ce qui était il y a longtemps ? demanda Emma.

— Ne l’embrouille pas encore plus avec tes questions, dit Patrick en regardant durement Emma.

— Je suis désolée, s’excusa-t-elle avec empressement.

— Je suis Patrick Callaway, dit alors son grand-père en se tournant vers Max. Et voici ma femme Eleanor.

— Je suis très heureux de faire votre connaissance à tous les deux.

Il se demanda comment il allait réussir à se tirer de cette situation embarrassante. Il ne savait pas du tout de quoi la grand-mère d’Emma voulait parler, mais ses propos étranges semblaient avoir rendu muet tout le monde autour de la table.

Eleanor se raidit soudain et montra Max du doigt, une expression confuse se peignant sur ses traits.

— Tu n’es pas le petit ami d’Emma. Tu n’es pas Jon.

— Non. Je m’appelle Max.

— J’aime bien Jon. (Elle regarda Emma avec un air contrarié et perplexe.) Pourquoi est-ce que tu n’es pas avec Jon ? Il m’apporte toujours des bonbons.

— Jon et moi avons rompu, mamie.

— Mais il t’aimait. Tu l’aimais. Vous alliez vous marier et avoir des bébés.

Emma se racla la gorge.

— On a décidé que ce n’était pas une bonne idée.

— Alors cet homme est ton nouveau petit ami ? demanda Eleanor.

L’idée ne semblait pas la réjouir.

— Non, c’est un collègue. On travaille parfois ensemble, c’est tout. (Emma parut soulagée de voir Burke s’approcher de leur table.) Burke, dit-elle avec un air reconnaissant. Tu es là. Et Max est là.

— Je vois ça, dit Burke en lui serrant la main. Tu as rencontré tout le monde ?

— Emma était en train de faire les présentations, répondit-il.

Emma montra tour à tour les autres membres de sa famille.

— Ma mère, Lynda, ma sœur Shayla et mon frère Colton.

Ils saluèrent Max. Colton paraissait plus intéressé par ce qu’il était en train de lire sur l’écran de son téléphone que par ce qui se passait autour de la table, et Shayla le regarda avec un drôle d’air. Par chance, il n’eut pas besoin de dire quoi que ce soit, car un petit groupe de personnes arrivait devant Jack pour le féliciter.

Max recula de quelques pas pour leur laisser de la place et Emma en fit de même.

— Je suis désolée pour ce qui s’est passé, dit-elle. Ma grand-mère commence à souffrir d’Alzheimer et on ne peut jamais prévoir ce qu’elle va dire.

— Je suis désolé qu’elle soit malade.

— C’est difficile de la voir perdre la tête petit à petit. C’était une femme très vive d’esprit. Rien ne lui échappait et je ne pouvais rien lui cacher. (Emma fronça les sourcils.) Je n’arrive pas à croire qu’elle se souvienne de Jon. Ça fait des mois que ma famille ne l’a pas vu.

— Apparemment, les bonbons qu’il lui a offerts l’ont marquée.

— C’est moi qui les lui avais apportés pour son anniversaire, mais il ne l’a pas détrompée quand elle a cru que c’était lui. (Le regard d’Emma dériva vers sa grand-mère.) Je me demande à quoi elle faisait référence en mentionnant cette horrible journée. C’est tellement bizarre.

— Ton grand-père a eu l’air de comprendre de quoi il s’agissait et l’a rapidement interrompue.

Elle se tourna vivement vers lui.

— C’est ce que je me suis dit aussi. C’est la deuxième fois ces dernières semaines que mamie fait allusion à un secret et la deuxième fois que papi change de sujet. Mais je ne vois pas quel secret elle pourrait avoir.

— En as-tu parlé à ton grand-père ?

— Non. Ce n’est pas le genre de choses qu’on peut lui demander. À vrai dire, j’ai toujours eu un peu peur de lui. C’est la seule personne de la famille qui m’a déjà fait sentir que je n’étais pas une vraie Callaway.

Max fut étonné par les propos d’Emma. Elle paraissait avoir tellement d’assurance et de confiance en elle en temps normal. Mais il lut de l’incertitude dans son regard et se demanda si elle avait dû faire ses preuves auprès de sa famille parce qu’elle n’avait pas de sang Callaway. Cela expliquerait peut-être pourquoi elle était si déterminée à réussir et à être la meilleure dans tout ce qu’elle entreprenait.

— Bref, dit-elle en retournant son attention sur Max. Pourquoi tu ne m’as jamais dit que tu avais grandi ici ? Et ne me fais pas croire que c’est parce que je ne t’ai jamais posé la question. Je t’ai parlé de Los Angeles et de la raison de ta mutation, et tu n’as jamais mentionné le fait que c’était un retour aux sources pour toi.

— Ça fait longtemps que je ne considère plus San Francisco comme chez moi. Je suis parti quand j’avais dix-huit ans. C’était il y a quatorze ans.

— Est-ce que ta famille est encore là ?

— Une partie.

— Pourquoi as-tu quitté San Francisco et pourquoi es-tu revenu ? demanda-t-elle en prenant une gorgée d’eau pétillante.

— Je suis parti pour aller à l’université et je suis rentré parce qu’il était temps.

— Tu fais exprès d’être vague, Harrison.

— Peut-être que ça devrait te mettre la puce à l’oreille et que tu devrais laisser tomber le sujet, Callaway.

Elle poussa un soupir théâtral.

— Encore quelqu’un qui a un secret. J’ai l’impression d’en être entourée ce soir.

Il sourit.

— Je n’en ai pas l’impression. Tes amis italiens ont l’air plutôt francs et extravertis.

— Les jumeaux Moretti ? Je les connais depuis toujours. Il ne faut pas les prendre au sérieux.

Après la scène dont il avait été témoin un peu plus tôt, Max se sentit étrangement soulagé par la réponse d’Emma.

— Tu es sûre ? Le premier avait l’air vraiment intéressé par toi.

— Tony est un grand dragueur. Il est comme ça avec tout le monde.

— Si tu le dis.

— Oui, dit-elle fermement. Et toi ? Tu n’es pas accompagné ce soir ?

— Pas ce soir.

— Tu aimes bien jouer à l’homme mystérieux, n’est-ce pas ?

— Il paraît que ça me donne plus de charme.

— Du charme ? Tu crois que tu as du charme ? demanda-t-elle sur un ton dubitatif.

Il ne put s’empêcher de sourire en voyant son expression.

— Apparemment, tu n’es pas de cet avis.

— C’est la première fois que je te vois sourire. Alors peut-être que j’ai des choses à découvrir à ton sujet.

— Peut-être.

Elle le regarda fixement pendant un instant.

— Je n’ai pas de temps à perdre avec des hommes mystérieux. J’ai déjà suffisamment à faire en ce moment.

Il aurait dû être soulagé par sa réponse, et pourtant il éprouva un curieux sentiment de déception.

— Je devrais aller discuter un peu avec les autres, ajouta-t-elle.

— Oui, approuva-t-il en descendant son verre d’un trait. Je vais y aller.

— Déjà ?

— Je me lève tôt demain. Passe une bonne soirée.

— Toi aussi.

Il posa son verre vide sur une table à côté et traversa rapidement la pièce bondée. En sortant dans la rue, il vit avec étonnement un homme qui regardait dans le bar par une des fenêtres. Il était vêtu d’un jean et d’un large sweat-shirt avec une capuche rabattue sur sa tête. L’homme sursauta en se rendant compte que Max l’observait. Il tourna rapidement les talons et s’éloigna.

Max fut parcouru par une sensation de malaise. Sa voiture était garée dans l’autre direction, mais son intuition le poussa à suivre l’homme. Celui-ci accéléra le pas en arrivant au coin de la rue. Max en fit de même, mais quand il tourna à son tour, l’homme avait disparu.

Max s’arrêta, frustré d’avoir perdu sa trace, même s’il ne savait pas vraiment ce qu’il cherchait. Il avait l’habitude de se fier à son instinct, et la plupart du temps celui-ci ne le trompait pas. Mais peut-être que c’était le cas cette fois. Il était sur les nerfs. Sa vie était sur le point de changer radicalement, et il ne savait pas s’il était prêt.

Faisant demi-tour, il reprit le chemin du bar. Quand il arriva à sa voiture, son téléphone sonna. Il le tira de sa poche et constata que c’était sa mère. Les muscles de son estomac se nouèrent.

— Maman ? Qu’est-ce qui se passe ?

— Je voulais juste vérifier que tu passerais me prendre à huit heures demain, dit-elle.

— Je te l’ai promis.

— Ne sois pas en retard. Ton frère attend cette journée depuis tellement longtemps.

— Je serai à l’heure, promit-il.

Il remit son portable dans sa poche et ouvrit la portière de sa voiture. Il s’installa derrière le volant, le cœur battant un peu trop vite à l’idée de ce qui l’attendait le lendemain : un trajet d’une centaine de kilomètres vers le nord, jusqu’à la prison où il irait chercher son frère

Du même auteur La série Les Callaway:

  • Une soirée inoubliable (Livre 1
  • )C’est donc ça l’amour (Livre 2)
  • Epris d’une inconnue (Livre 3)
  • A paraître Maintenant et à jamais (Livre 4)
  • Un cœur meurtri (Livre 5)